Le monde trouble et impitoyable des lobbyistes à Berne

La Suisse a ses « spin doctors ». Au sein de puissantes organisations, ces mercenaires des relations publiques dictent l’agenda politique et orchestrent très en amont les campagnes de votation. Enquête sur les maîtres de l’ombre du Parlement.

Les « spin doctors » du Parlement sont partout, sur tous les thèmes, dans toutes les tendances politiques. Ce sont des conseillers de l’ombre qui oeuvrent dans l’antichambre du Parlement fédéral.

 

Défense des intérêts privés

Ainsi, comme le révélait Le Temps en juin 2014, le géant du trading de matières premières Glencore a mandaté à l’époque la société zurichoise Furrer. Hugi & Partner pour améliorer son image dans un secteur décrié par les politiques. Pour y parvenir, l’agence a invité des parlementaires des commissions de l’économie et de la politique extérieure à son club privé, la Clé de Berne. Une réunion informelle, pour que les politiques fassent connaissance avec la direction de Glencore, et qui précédait d’une quinzaine de jours l’annonce des options du Conseil fédéral sur les exigences en matière de transparence pour la société de trading. Lorenz Furrer et Andreas Hugi, les deux fondateurs éponymes de l’agence de communication, sont des amis du conseiller national Ruedi Noser (PLR/ZH).

Grâce à lui, entre autres, ils bénéficient de leurs entrées au Palais fédéral pour mener leur campagne de lobbying. Comme Ruedi Noser, tous les parlementaires jouissent de deux accréditations, dont ils peuvent faire profiter les personnes de leur choix, par exemple à des représentants de groupes d’intérêts. En 2011, ils étaient 382 lobbyistes accrédités, soit près d’un tiers de plus que le nombre de parlementaires (246). Mais depuis 2015, face au manque de transparence de certains députés sur leurs liens d’intérêts et les révélations de certaines affaires (Markwalder), l’obtention du précieux sésame se fait plus difficile. Ce qui n’a fait qu’accroître la concurrence entre lobbyistes.

Le premier influe sur les acteurs politiques pour qu’une législation soit acceptée ou rejetée, indique Thomas Gees. Le communicant communique sur une décision déjà prise par le Parlement. Les connaissances requises sont très différentes.

Thomas Gees

 

 


Cet article est paru dans PME MAGAZINE